Le 17 juin 2025, j’ai eu la joie de remettre le livre de sa vie à Annick.
Un contexte douloureux
Aux premiers jours de juin, j’étais sur le point de récupérer les exemplaires d’Échos d’une vie discrète chez l’imprimeur. Je me projetais déjà dans la joie que je lirai dans les yeux d’Annick au moment où elle découvrirait son livre. Sa fille m’a appelée l’après-midi du 5 juin pour m’annoncer une triste nouvelle. Instinctivement, j’ai pensé qu’il était arrivé quelque chose à Annick, et j’ai ressenti un pincement au coeur.
Mais sa mère allait bien, même si les décès successifs, à une semaine d’intervalle, de sa soeur puis de son fils l’avaient beaucoup choquée. Je dois dire que j’ai été touchée d’apprendre cela. J’avais presque l’impression de les connaitre en entendant Annick m’en parler pendant nos longs entretiens. Mais j’avais surtout de la peine pour elle, pour qui la joie de recevoir son livre serait entachée de tristesse.
Quand je l’ai appelée quelques jours plus tard pour lui présenter mes condoléances, je l’ai trouvée apaisée et résignée. Apaisée que son fils, handicapé depuis la naissance, soit parti avant elle. Résignée à accepter qu’elle soit la dernière survivante de sa fratrie.
Bonheur et fierté
Je suis allée rendre visite à Annick le 17 juin après-midi, armée d’un carton de livres sous le bras. Elle a commencé par regarder, toucher et sentir son livre, avant de le feuilleter. Je lisais dans ses yeux du plaisir et de la fierté, en dépit du voile de tristesse. Le plaisir de découvrir sa vie couchée sur le papier. La fierté de se dire qu’elle avait réussi à écrire un livre, elle qui avait été humiliée pendant sa scolarité.
Elle m’a demandé si je pouvais ajouter un petit texte manuscrit aux ouvrages, à propos des récents deuils. Nous avons rédigé ensemble quelques phrases en hommage à sa soeur et à son fils, que j’ai ensuite recopié en quinze exemplaires.
Nous sommes restées près de trois heures à bavarder autour d’une tasse de thé. Son fils ainé nous a rejoints pour ce bel hommage familial qui a permis de chasser temporairement les nuages de tristesse.