Dans la relation entre le biographe et son sujet, rassurer est une dimension essentielle. Le biographé s’ouvre sur des souvenirs intimes, parfois douloureux ou sensibles. Il a besoin de se sentir en sécurité pour partager son histoire avec sincérité. Sans ce climat de confiance, la parole risque de se bloquer, et le récit perdrait en profondeur et en authenticité.
Rassurer implique d’abord d’écouter avec attention et empathie. Il s’agit de montrer que l’on comprend et respecte le vécu de l’autre, que l’on accueille ses émotions sans jugement. La transparence sur le processus de travail est également cruciale. Expliquer comment les informations seront utilisées, quelles limites seront respectées, comment le sujet pourra intervenir… Tout cela permet de réduire l’angoisse et d’instaurer la confiance.
Un exemple concret illustre parfaitement ce rôle rassurant. P., l’une de mes biographées, se sentait profondément angoissée à l’idée d’avoir été trop « méchante » envers certaines personnes dans son récit. Elle m’a demandé de réécrire certains passages. Plutôt que de m’y opposer, j’ai accepté. Il était important pour moi de lui montrer que ce livre lui appartenait et qu’elle en restait l’auteure principale. Cette démarche a apaisé ses craintes, lui a redonné confiance et a permis à son récit de conserver toute sa sincérité.
Rassurer, c’est donc permettre au biographé de se sentir libre, entendu et considéré. C’est créer un espace où il peut exprimer ses pensées et ses émotions sans peur, tout en gardant le contrôle sur la manière dont son histoire est racontée. Cette confiance mutuelle garantit que la biographie sera à la fois fidèle et profondément humaine, un véritable reflet de la personne derrière le récit.