Beaulieu se raconte
Biographie thérapeutique – De février à juin 2024, quelques résidents d’un établissement pour personnes âgées ont accepté de se raconter dans cet ouvrage collectif.
Ils s’appellent Geneviève, Gérard, Jeanne, Julia, Madeleine, Marcelle, Maryvonne, Odette, Renée, Yvette.
Tous ont entre quatre-vingt-six et quatre-vingt-dix-sept ans et vivent à la Résidence Beaulieu de Bouguenais.
Ils évoquent avec leurs mots simples et pudiques le passé, le présent et l’avenir.
Extrait
Je suis née en 1935 à Machecoul. J’y ai vécu jusqu’à dix-neuf ans, âge auquel j’ai suivi mon mari. J’ai ensuite passé deux ans à Saint‑Philbert-de-Grand-Lieu avant d’aller à Nantes.
Je me souviens bien du quartier de mon enfance. Dans cette rue qui s’appelait la rue des Capucins, je crois, il y avait la salle de cinéma et aussi le collège des garçons. L’école des filles était plus loin parce qu’à l’époque garçons et filles étaient séparés.
On mangeait essentiellement ce qui était produit dans le jardin. Heureusement qu’il y avait ce potager, car pendant et après la guerre, il fallait faire très attention aux dépenses, surtout avec une famille de cinq enfants. J’adorais les desserts et l’omelette. Mais je détestais les choux verts et la soupe de pain. A l’époque, on ne mixait pas les légumes, donc ils cuisaient dans l’eau et ma mère y ajoutait du pain. Quand on se mettait à table, le pain était tout ramolli dans la soupe, c’était une horreur. Ma soeur et mes frères mangeaient tout sans broncher, mais pour moi c’était un calvaire.