Chaque semaine, je partage avec vous mes coups de coeur littéraires d’hier et d’aujourd’hui. Les ouvrages qui m’ont inspirée, bouleversée, éveillée. Les livres qui ont fait grandir en moi ces valeurs que mes parents avaient semées. Les lectures qui ont fait de moi celle que je suis maintenant.
Voici mon coup de coeur de la semaine 48 (S48).
Coup de coeur S48
« L’enragé » est un roman de Sorj Chalandon paru en août 2023. En 1977, alors qu’il travaille au journal Libération, l’auteur lit qu’on va fermer le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer. Il découvre que ce terme cache en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs qui a « rééduqué », à partir de 1880, des enfants voyous ou brigands, ou simplement cancres ou orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans.
Résumé du livre
Octobre 1932, Jules Bonneau, dit « La Teigne », est enfermé avec d’autres dans le centre d’éducation surveillée de Belle-Ile-en-Mer. Derrière les murs de cette « prison » pour mineurs, c’est le royaume des brimades, des humiliations et de la brutalité. C’est la loi du plus fort qui s’applique, du côté des adolescents comme de celui de l’administration. Les gardiens exercent en totale impunité une violence constante, souvent injustifiée. « La Teigne » est un petit voyou, mais aussi un enfant abandonné, rempli d’une rage qu’il a du mal à contenir.
Révolté par l’injustice, Bonneau corrige « les soudards, les caïds, les forts en gueule, les forts en poings, ceux qui touchaient les petits dans les douches… ». Il prend sous son aile Loiseau, un orphelin malingre, surnommé « mademoiselle », victime de la cruauté et des sévices des plus grands.
Le 27 août 1934, c’est la révolte. Les 56 « colons » de Belle-Ile se font la belle. Le personnel du centre, les gendarmes, mais aussi les habitants de la ville les pourchassent. Chaque fuyard récupéré rapporte une récompense de vingt francs. Coincés sur une île, ils sont tous repris. Tous, sauf un. Bonneau réussira-t-il à se sauver lui-même ? Parviendra-t-il à lâcher le couteau pour attraper la main tendue ?
Pourquoi j’aime
Ce livre est un cri de douleur et de rage. Envers un système judiciaire et politique qui condamne des enfants. À l’égard d’une société qui se vautre dans la bassesse et la lâcheté. Contre un monde d’une violence absolue. Mais c’est également un message d’espoir quand le héros, comme l’auteur, découvre qu’au milieu de la noirceur, il y a quand même des gens bien.
Ce livre décrit « la métamorphose d’un fauve né sans amour, d’un enragé, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues ».